16 principes pour adapter

La démarche du Cartable Fantastique repose sur un certain nombre d’idées que nous exprimons ici en terme de principes.

Principe n°1 : Considérer l’enfant dyspraxique avant tout comme un élève

Une des difficultés rencontrées par les élèves dyspraxiques est qu’ils sont parfois considérés comme handicapés avant d’être considérés comme des élèves. Ainsi certains élèves dyspraxiques ne reçoivent aucune correction de ce qu’ils font ou encore, parce qu’ils ont une auxiliaire de vie scolaire, n’ont plus d’interaction avec l’enseignant que par l’intermédiaire de cette auxiliaire de vie scolaire. Il est essentiel de considérer qu’ils sont avant tout des élèves et que comme tout élève, ils doivent recevoir des corrections et des appréciations de leur travail de la part de l’enseignant même si les supports qu’ils utilisent sont différents. De la même manière, certains enseignants réduisent leurs exigences scolaires vis-à-vis de ces élèves particuliers. À part dans le cas des compétences qui sont directement touchées par le handicap (comme l’écriture manuscrite), cette attitude est à éviter. Elle est délétère et dangereuse pour l’avenir scolaire de ces enfants.

Principe n°2 : Voir aussi – et d’abord – les atouts

Les élèves dyspraxiques ne se caractérisent pas seulement par leurs déficits, ils ont aussi des atouts, qu’il faut savoir utiliser pour leur rendre l’estime de soi et faciliter leur scolarité. Il est aussi essentiel de leur faire prendre conscience de leurs compétences particulières afin de leur apprendre à les utiliser. Ainsi, lorsqu’ils n’ont pas de troubles attentionnels associés et que les adaptations sont mises en œuvre, les enfants dyspraxiques ont la capacité de se concentrer fortement sur ce qui est dit en classe et de le retenir. Comme la plupart des enfants avec un trouble des apprentissages, leur sens de l’effort et l’investissement très important de la sphère scolaire sont deux atouts qu’il faut utiliser.

Principe n°3 : Éliminer les situations de double tâche

Dans le cas des élèves dyspraxiques, la maîtrise des gestes requis par l’écriture manuscrite absorbe la majeure partie de leurs ressources attentionnelles. Il ne leur reste alors pas suffisamment de ressources d’attention à allouer aux autres tâches : comprendre la phrase qu’ils sont en train d’écrire, la mémoriser, faire attention à l’orthographe des mots, à la syntaxe et à la grammaire. Les élèves dyspraxiques n’apprennent donc rien en écrivant et l’évaluation scolaire via l’écriture manuscrite ne reflète pas leurs compétences scolaires mais le degré du handicap provoqué par la situation de double tâche cognitive. La conséquence pratique est qu’il faut trouver des alternatives à l’écriture manuscrite : ordinateur, réponses orales, étiquettes autocollantes etc…

Principe n°4 : Prendre en compte le handicap dans toutes les situations pédagogiques

Les difficultés gestuelles et visuo-spatiales rencontrées par les enfants dyspraxiques sont permanentes. La situation de handicap est donc permanente. Au même titre qu’on ne retire pas les lunettes d’un enfant pendant la moitié de la journée, on ne peut se contenter d’adapter occasionnellement les situations pédagogiques pour les enfants dyspraxiques. Il faut s’assurer dans toute situation pédagogique que l’enfant ne sera pas gêné par son handicap soit en mettant en place des moyens de compensation ou de contournement, soit en utilisant des ressources déjà adaptées.

Principe n°5 : Diversifier les types d’adaptations au cours d’une même journée

Des adaptations telles que les textes à trous par exemple sont des adaptations pertinentes à condition qu’il n’y ait pas trop d’exercices de ce type dans la même journée, ce qui impliquerait une trop grande quantité d’écriture. Il faut donc réfléchir globalement la journée d’un élève dyspraxique et répartir les adaptations en fonction du programme sur les différents supports (informatique, réponses orales, étiquettes autocollantes, textes à trous, etc….).

Principe n°6 : Prendre en compte la fatigabilité

Devoir contrôler chaque geste intentionnellement est source d’une très grande fatigue. La journée des enfants dyspraxiques est donc bien plus fatigante que celle de n’importe quel enfant. Il faut en tenir compte dans la gestion de la journée de ces élèves, en prévoyant des moments de repos, en évitant au maximum de rajouter des devoirs le soir, en réduisant la quantité d’exercices.

Principe n°7 : Déterminer des adaptations spécifiques à chaque enfant

Les adaptations doivent être déterminées pour chaque enfant individuellement chaque fois que c’est possible. Par exemple, certains enfants lisent plus facilement quand les textes sont imprimés en lignes de couleur différant d’une ligne à l’autre, d’autres sont aidés par des surlignages de couleur différentes et d’autres encore sont gênés par les couleurs. Différents types d’adaptations doivent donc être essayées afin de déterminer avec l’enfant celles qui l’aident le mieux. Les intervenants paramédicaux (ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes…) sont des acteurs importants du choix des adaptations. Ces modifications de texte peuvent être faîtes très simplement grâce à l’onglet texte du ruban word.

Principe n°8 : Rendre les enfants acteurs des adaptations

Le choix des adaptations doit être fait AVEC l’enfant. C’est à lui que doit revenir le choix entre les différentes adaptations pour un type d’exercice donné. Il ne faut pas hésiter à lui demander s’il préfère entourer que surligner, s’il est aidé par les textes en couleur ou s’il préfère les textes en noir et blanc et si pour tel ou tel exercice, il préfère une adaptation sur l’ordinateur ou sur papier.

Principe n°9 : Faire évoluer les adaptations en fonction de l’évolution de l’élève, en cours d’année si besoin

Une adaptation utile à un moment donné ne le sera plus forcément deux mois plus tard. De plus les compétences des enfants évoluent vite et un enfant qui apprend à taper au clavier peut être capable de faire des dictées de mots au clavier au bout de quelques mois. Il est donc important de ne pas figer le type d’adaptations sur toute l’année scolaire mais de les remettre en question régulièrement afin de s’assurer qu’elles restent les plus adaptées à l’enfant.

Principe n°10 : Préconiser des solutions qui favorisent l’autonomie de l’élève plutôt que des solutions qui se font au détriment de cette autonomie

Entre deux adaptations, mieux vaut toujours préférer l’adaptation qui permet à l’enfant de réaliser seul l’exercice à celle qui implique l’intervention d’un adulte. Ainsi, la dictée à l’adulte est à réserver à des situations bien particulières telles que la réponse à des questions ouvertes mais ne doit pas être systématique. Le fait qu’il soit plus facile de servir de secrétaire à un enfant plutôt que de construire un exercice interactif sur ordinateur n’est pas un argument suffisant pour privilégier la dictée à l’adulte.

Principe n°11 : Permettre à l’élève de faire la même chose que les autres, au même moment, même si les modalités ne sont pas les mêmes

Permettre à l’élève dyspraxique de faire la même chose que les autres en même temps que les autres, chaque fois que c’est possible, est le plus sûr moyen de lui signifier qu’il est un élève comme les autres. Cette attitude, si elle est systématisée, lui permettra aussi de mieux accepter une différenciation quand elle est indispensable. Ce principe est en lien avec la question des manuels scolaires parce qu’elle implique que l’élève puisse bénéficier d’un manuel adapté qu’il pourra consulter ou remplir dans le cas des fichiers en même temps que le groupe classe. Notre banque de ressources adaptées, qui propose systématiquement l’exercice adapté ainsi que celui pour la classe, peut également être utilisée.

Principe n°12 : Identifier du matériel ou des méthodes pédagogiques à la fois adaptés à l’élève dyspraxique et pertinents et utilisables pour l’ensemble de la classe

Certains enseignants utilisent du matériel (gros cartons de lettres, par exemple), ou des méthodes pédagogiques (travail en petits groupes avec gros matériel et réponses orales) qui permettent de lever la situation de handicap pour l’élève dyspraxique tout en étant bénéfique à toute la classe. Ce type de situation pédagogique est à identifier et à privilégier.

Principe n°13 : Réfléchir à des méthodes pédagogiques différenciées pour l’apprentissage de certaines compétences directement touchées par le handicap

Certaines compétences sont directement touchées par la dyspraxie. Ainsi, certains enfants ne se repèrent pas dans l’espace et ne peuvent remplir une carte de géographie. Une adaptation qui consisterait à remplacer l’écriture du nom des villes par des étiquettes autocollantes n’a alors aucun sens. Dans ces cas particuliers, il faut prévoir un enseignement différencié de la géographie. On peut par exemple passer par la voie sémantique pour apprendre à l’enfant que Lille est au nord de Paris.

Principe n°14 : Accepter de sauter des étapes irréalisables en raison du handicap

En ce qui concerne le contournement de difficultés spécifiques, il faut veiller à ne pas bloquer un enfant dyspraxique à une étape qu’il ne peut pas acquérir pour des raisons liées à son handicap alors même qu’il a les moyens conceptuels d’acquérir les étapes suivantes. Le meilleur exemple est peut-être celui des opérations posées. En raison de leurs difficultés spatiales, bon nombre d’enfants dyspraxiques ne parviendront jamais à poser correctement une opération. Pourtant, un certain nombre d’entre eux si on les dispense de cette étape en la remplaçant par des opérations en lignes ou si on compense le handicap en utilisant des tableaux et normes de couleur, pourront continuer à acquérir les principes de la numération.

Principe n°15 : Réfléchir les adaptations en pensant à l’avenir

La dyspraxie ne disparaît pas à l’âge adulte. La surcharge attentionnelle induite par l’absence d’automatisation des gestes et en particulier de l’écriture perdure bien après l’adolescence. Ils faut donc réfléchir au choix des moyens d’adaptations d’une part et au contournement des difficultés spécifiques en projetant l’enfant dans l’avenir. Ainsi, il est inenvisageable de ne pas introduire l’ordinateur dans la scolarité de l’élève dyspraxique sachant que ce moyen de compensation lui sera indispensable lorsqu’il sera adulte. Nous préconisons d’introduire l’ordinateur au tout début de la scolarité primaire (en CP) mais en mettant en place des outils spécifiques tels que ceux de la plate-forme des cahiers fantastiques qui permettent d’utiliser l’ordinateur même avant d’être autonome avec un traitement de texte.

Principe n°16 : Travailler en collaboration avec les paramédicaux quand les compétences à acquérir sont au cœur du déficit

Certains déficits sont au cœur du handicap. C’est le cas de l’écriture manuscrite ou de la manipulation des outils de géométrie. L’apprentissage de l’écriture manuscrite à un enfant dyspraxique ne relève pas de la pédagogie mais relève d’une prise en charge paramédicale (ergothérapeute, psychomotricien….). Le travail de l’écriture manuscrite est à limiter en classe et ce travail bénéficiera d’une collaboration avec les rééducateurs. L’utilisation commune de supports (types de lignes) ou de méthodes est essentielle pour permettre à l’élève de progresser. Attention, néanmoins, à limiter les exercices d’écriture en quantité afin de ne pas épuiser l’enfant au risque de ne pas lui permettre d’acquérir le reste des notions scolaires. Le déficit d’écriture manuscrite ne se résout pas par un entraînement intensif. De la même façon, l’apprentissage de la géométrie est à réfléchir en lien avec les rééducateurs : quand introduire un logiciel de géométrie, pour quels types d’exercices, quand dispenser l’élève d’un exercice, quand introduire les outils de géométrie classiques (règle etc.) ? Tous ces points doivent faire l’objet d’une réflexion commune entre l’enseignant et les rééducateurs.
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Le ruban word

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